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Pour une pédagogie positive
25 novembre 2017

"Enseigner", verbe transitif...

empathie

Les 21 et 22 novembre 2017, j'ai assisté au colloque "Enseigner la littérature en questionnant les valeurs", organisé à l'ESPE de Grenoble par Nicolas Rouvière et Jean-François Massol. J'y ai moi-même présenté une intervention sur les difficultés et la nécessité d'enseigner au lycée les formes prises par l'engagement des écrivains de notre époque.

Assister à un colloque de didactique des Lettres m'a permis de me rendre compte à quel point nous sommes peu formés à cette discipline, que nous pratiquons cependant au quotidien sans le savoir. Les communications que j'ai écoutées concernaient l'enseignement de la première guerre mondiale par la littérature de jeunesse, l'étude du vocabulaire axiologique dans les textes classiques ou la représentation du multiculturalisme dans les manuels scolaires québécois. Cela ne m'a pas appris grand chose sur la littérature et n'a pas révolutionné non plus ma manière de faire cours. Mais la didactique permet de prendre une distance nécessaire pour évaluer en quoi les objets d'enseignement que nous abordons en classe peuvent répondre à un projet éducatif moral, politique ou philosophique. Ce que j'ai entendu n'a pas tant enrichi la question du comment que celle du pourquoi des choix pédagogiques qui sont les miens. La perspective éthique adoptée par ce colloque encourageait assurément à réfléchir à la portée des dispositifs d'enseignement, que nous élaborons souvent dans l'évidence de l'intuition. Les questionner permet de réouvrir le champ des possibles lorsque ce qui pour nous va de soi ne passe pas dans la classe.

En ce qui concerne ce blog, je retiens l'importance accordée par bon nombre d'intervenants à la philosophe américaine Matha Nussbaum. Celle-ci a suscité l'attention des pédagogues par la traduction en 2010 de son essai Les Emotions démocratiques. Comment former un citoyen du XXIème siècle, sous-titré en anglais "Not for the profit". Je comprends que l'insistance des textes officiels récents sur la notions d'empathie comme compétence morale fondamentale vient de ce courant de pensée. En relisant les programmes de français au lycée, je me suis rendu compte que cet enjeu est encore complètement absent des directives qui nous sont données, plus orientées vers une formation purement intellectuelle. Le propos de Martha Nussbaum est de montrer en quoi la lecture des textes littéraires, par leur forme-même et non pas seulement leur propos, peut contituer une activité morale en soi et aider à construire le lecteur comme être social. A l'heure où l'éducation à l'altruisme devient une aspiration pour bon nombre des éducateurs que nous sommes, cette réflexion peut être utile pour comprendre comment l'enseignement de la littérature peut contribuer à faire de nos élèves des êtres épanouis dans leur relation à soi-même et à autrui.

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