Etre bien pour bien enseigner

Du 17 novembre au 15 décembre 2017, j'ai suivi une formation du Plan Académique de Formation animée par Karine Lepouchard et Valérie Limon, intitulée "Bien-être pour bien enseigner : apports théoriques et pratiques pour développer conscience de soi et bienveillance" (code PRO2003). Je m'y étais inscrite dans le but de développer les pratiques après des élèves que j'expose à longueur de page sur ce blog.

La grande force de ce stage est, au contraire de ce à quoi je m'attendais, de focaliser l'attention sur les pratiques de bien-être et de pleine conscience que les professeurs peuvent intégrer à leur vie quotidienne pour gérer au mieux leur stress : méditation(s), marche consciente, accueil de ses émotions... La classe et les élèves se sont momentanément réduits à un horizon de transmission possible, à condition que ces pratiques soient déjà bien installées au plan personnel. Je me suis rendu compte à quel point nous sommes vulnérables face aux risques psycho-sociaux et à quel point il est nécessaire de prendre le temps d'aller bien pour être bien dans sa classe, sans que celle-ci prenne toute la place dans notre esprit. Grâce à ce stage, j'ai réussi à formuler consciemment une pensée qui me traverse souvent sans que j'ose vraiment l'affirmer : nous devons compter dans notre temps de travail le temps que nous passons à décompresser, à digérer les tensions absorbées dans la classe, à nous remettre de la présence qu'il nous a fallu déployer pour capter au mieux l'attention de nos élèves. Ce temps est nécessaire pour régénérer notre attention et notre disponibilité à nos élèves (et à notre famille, et à nos amis, et à nos amours, et à nos voisins, et à nos concitoyens...). Aucun cours, aussi minutieusement préparé soit-il, ne peut se dérouler sereinement si l'on ne fait pas preuve de bienveillance envers soi au préalable.

L'une des demi-journées de ce stage a été consacrée à la présentation de la démarche de Communication Non-Violente par deux membres de l'association Déclic-CNV. Là encore, l'attention portée au ressenti intérieur, à l'identification des émotions et des besoins personnels était au centre des échanges. Nous avons notamment appris à pratiquer l'écoute empathique, ce qui peut se révéler un outil très efficace pour désamorcer les conflits avec les élèves, les collègues, les chefs, les parents... Si je devais ne retenir qu'une chose, c'est la nécessité de ralentir, d'écouter de que nous ressentons avant de réagir. Depuis cette rencontre, je m'arrête régulièrement pour regarder passer la tortue que les intervenants ont installée dans ma tête. C'est un bon moyen de retrouver un peu de douceur...

Alors, si vous m'avez bien comprise, une fois que vous aurez lu ces quelques phrases, éteignez votre ordinateur. Faites-vous une bonne tisane et prenez un grain de raisin sec. Asseyez-vous dans un fauteuil et posez-vous. Prenez le temps de sentir ce petit aliment dans votre main. Sa forme, son poids. Faites-le rouler entre vos doigts. Sentez sa texture, sa résistance ou sa mollesse. Si vous avez le sens de l'humour, portez-le à votre oreille et voyez si vous entendez le chant du raisin sec. Puis regardez-le. Observez sa forme et ses plis. Sentez son odeur. Sentez son parfum. Goûtez-le progressivement, avec vos lèvres, avec votre langue. Une fois que vous l'avez dans la bouche, voyez comment vous percevez sa saveur avant de la mâcher. Puis croquez-le en étant attentifs aux évolutions de la saveur au fur et à mesure de la mastication. Et faites ce qui vous plaira !